Prolongez la campagne l'exemple c'est nous

Ce site est une archive de la campagne de Yapaka "L'exemple, c'est nous".

La campagne est terminée mais le matériel reste à disposition si vous le souhaitez.

« La fierté d’un journaliste est de faire comprendre ce qu’il a lui-même compris » Françoise Giroud.

C’est une belle phrase, j’allais dire une jolie sentence, que je mets volontiers en exergue pour décliner le métier de journaliste. Françoise Giroud ajoutait souvent, aux dires de Robert Badinter qu’elle conseillait amicalement en matière de communication : «  ne jamais vouloir donner plus d’une information à la fois, se contenter d’un seul thème »*.

Et c’est bien là,  la question de l’époque ! Transmettre signifie aujourd’hui plus souvent littéralement « mettre à travers » - parfois à torts et à travers-  voire implicitement : «  mettre en transe ».

Il n’est selon moi de bonne transmission que celle qui est sélectionnée, celle qui est choisie et éditée. Nous en sommes à une période innovante en termes de communication, révolutionnaire en termes  d’information. Et la révolution, souvent si nécessaire,  est d’abord synonyme de chaos, de violences parfois gratuites, de victimes innocentes décapitées en place de web. Mais pour autant quelle force aussi cette démocratisation de l’information, cette capacité d’interagir sur les pouvoirs, de se transmettre des idées, des images et des contenus jusque là limités soit à la grande presse, soit aux initiés, aux cerclés, aux bardés.

Nous sommes à la charnière entre la délation et la libération.

Le réseau est à présent facteur de transmission, le citoyen lui-même est facteur d’information sur lui-même, ses proches et ses voisins mêmes lointains. Il n’est plus nécessaire d’avoir studios ou imprimeries pour faire passer ses idées. Pire même,  ces structures lourdes deviennent des handicaps face à la course à la mise en ligne et au « premier qui dit est cité » et où la fierté passe par le « buzz », le nouveau graal qui renvoie le « scoop » aux reliques de l’histoire journalistique.

Pour ce qui est donc du mot transmettre qui s’impose à nous aujourd’hui face aux déluges d’information et aux déluges de moyens de transmission, il nous faut donc sélectionner  et choisir. Mais que choisir qui soit utile de transmettre au futur ? De la culture, des richesses, une civilisation, des croyances, des convictions, des façons de vivre, des biens ou des valeurs ? La question mérite d’être tranchée par l’ensemble et non par quelques personnes ou quelques comités. En tous je me sens  bien à mal de le déclarer, moi qui réponds souvent aux journalistes qui me demandent ce qu’il faut mettre à la Une : « Qu’avez-vous dans l’actualité des dernières heures » ?

Passons du cadre général au très particulier.

Pour ce qui me concerne, la transmission est question d’héritage, c'est le plus important à mes yeux. De quoi ais-je hérité, que m’a-ton transmis ? Une façon d’observer le monde que je qualifierai de joyeux doute, de scepticisme parfois hilare, un drôle de questionnement, un pessimisme espérant, en quelque sorte. La vraie valeur fondamentale est celle là. L’ autre grande valeur, c’est l’humanisme, un grand mot qui passe par un autre que je ne chéris pas : il signifie trop aux oreilles de ceux qui l’entendent aujourd’hui révérence ou déférence : c’est le mot de « respect ». Plus joliment signifié il y a le mot : « égard », avoir des égards pour les autres, proches ou lointains, les autres personnes, les autres vies, les autres générations. C’est sans doute cela que l’on m’a transmis. Cela relève malheureusement un côté donneur de leçon, déjà un peu vieux con, je m’en rends bien compte. Héritage chrétien mal assumé, arrière petit-fils du siècle des lumières , contemplateur de l’existentialisme, post soixante-huitard ou simplement observateur d’une façon de vivre qui émerge lentement? Allez savoir !

Mais ne serions nous pas un peu mieux en cette aube de 2010 si le prof et l’élève avaient toujours des égards l’un vers l’autre ? L’actionnaire et l’actionné ? Le gérant et le géré ? L’administrateur et l’administré ? Le militaire et le militarisé ? Le gardien et le prisonnier ? le routier et le piétiné ?

Pour en terminer il me parait important de concentrer notre nécessité de transmettre sur ce que nous avons acquis et pas ce qui nous est inné.
L’héritage oui, l’hérédité, non !

*(conversation avec l’auteur).

 [Un texte de Jean-Pierre Jacqmin, Directeur de l’Information à la RTBF pour www.lexemplecestnous.org ]

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Commentaires

Si l'exemple c'est vous, pouvez nous dire comment vous avez pu établir le nombre de victimes russes dans votre édition de ce 3 janvier 2011 ? 52.000 ?  J'espère que vous ne vous êtes pas basé sur des articles d'hebdomadaires 'le point' 'l'express' ou autres ragots. 

C'est drôle quand c'est une toute autre puissance que les USA, vous les journalistes vous ne vous contentez pas des chiffres officiels, mais vous êtes prêts à gober ceux de vos confrères, quitte à faire de la surenchère... souvenez-vous Timishuara 100.000 puis 500.000 morts.

J'ai lu votre carte blanche d'il y a presque un an et je n'y ai trouvé aucune notion de rigueur. Sélectionner, choisir mais pas être certain de ce qu'on annonce.

Croyez-moi (ou pas) la seule différence que vous pourrez mettre en avant par rapport aux informations du web c'est la rigueur...à condition d'en avoir.

Je vous enverrais une lettre pour être sûr d'être lu. C'est ma rigueur à  moi.

Je vous souhaite une année pleine de rigueur.

Thierry D'Hallewin

Chemin Tour Cafenière 3

7060  Soignies