Prolongez la campagne l'exemple c'est nous

Ce site est une archive de la campagne de Yapaka "L'exemple, c'est nous".

La campagne est terminée mais le matériel reste à disposition si vous le souhaitez.

Un nouveau message à poster sur un nouveau blog, c’est un peu comme les noms qu’on écrit, mais en calligraphie  sur les nouveaux  cahiers de  la rentrée, les livres qu’on recouvre à l’adhésif mais sans bulles, les crayons que l’on marque au feutre mais indélébile.
Comme un premier jour d’école, un premier message on aimerait qu’il soit à la hauteur de nos ambitions. Qu’il porte nos bonnes résolutions, qu’il annonce la couleur, qu’il nous révèle un peu…

C’est alors que surgit la peur de mal faire, de mal écrire, de mal se faire entendre. Et on reste immobile et figé : incapable d’écrire les premiers mots ; on biffe, on rature, on corrige, on barre et on commence sérieusement à douter… Et si on était finalement incapable ou simplement pas à la hauteur de la tâche. Bien sûr, on se souvient que naguère on a pu , qu’on l’a déjà fait, que c’est finalement presque une routine, qu’on écrit tous les jours, qu’il arrive même que l’on soit publié, peut-être même lu…

J’ai en tête le visage buriné, enveloppé d’une longue chevelure  blonde retenue par un bandeau rouge de Patrick Edlinger, grimpeur des années 80, devenu malgré lui  une icône anti-conformiste, à une époque bercée par le paraître et la réussite financière. Si je pense à lui qui fut pour moi comme un modèle, à un moment où je taquinais moi-même les rochers et tentais de m’y hisser, c’est qu’il était prolixe sur son art et disait souvent ce que le fait d’aborder des escalades austères et risquées, parfois sans aucune assurance, lui apportait en gain de confiance et d’humanité. Il déclarait ainsi : « J’ai découvert au fond de moi des ressources que je ne soupçonnais pas. J’ai touché l’ultime et ouvert un nouveau potentiel de puissance. » Mais il insistait surtout sur la valeur du doute qui constituait à la fois son moteur et sa sécurité. Indispensable à sa vie de funambule, il répétait souvent ses simples mots « Quand je doute, j’avance ! »

On en connaît tous de ces enfants hésitants lorsqu’on leur parle du bonheur d’aller à l’école, ou qui refusent de sauter de joie quand on les invite à faire du sport, à lire, parfois simplement à jouer. Ils n’osent pas écrire leur nom sur les nouveaux cahiers de peur de rater la calligraphie, craignent les bulles sur les livres et redoutent la permanence du feutre indélébile.
On devrait leur parler plus souvent de Patrick Edlinger , ce héros des presque papys qui sortait des voies d’anthologie presque  rien qu’à la force du doute…

(Photo: Patrick Edlinger - Crédit Fernando)